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DEUX SOTTIES
JOUÉES A GENÈVE
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RARETÉS BIBLIOGRAPHIQUES
lUSIlIPRESSIONS FAITES POUR UNE SOCIÉTÉ DE BIBLIOPHILES
A CE5T EXEMPLAIRES ^lUMBROTÉS :
96 sur papier de Hollande
et 4 sur Chine
plus deux sur peau vélin
B:\emplaireN» 2^^
GENEVE. — IMPRIMERIE A. BLANCHARD.
DEUX SOTTIES
JOUÉES A GENÈVE
L'inra eh 1S23, bdi u place du mduu
DITE SOTTIE A DIX PERSONNAGES
DITE SOTTIE A NEUF PERSONNAGES
avec UDe Notice historique
PAR F.-N. LE BOY
GENÈVE
CHEZ J. GAY ST FILS, iDITKIIM
NOTICE
SUR
DEUX SOTTIES JOUÉES A GENÈVE
AU XVI« SIÈCLE
C'était en Tan de grâce 1523. Depuis deux
ans, le Duc de Savoie, qui avait épousé la
fille du Roi de Portugal, la jolie Béatrix, dé-
sirait montrer solennellement aux Genevois
la haute fortune que THymen lui avait pro-
diguée : rentrée à Genève d« la sérénissime
Duchesse était impatiemment attendue. Ce
jour arriva le mardi ¥ d'août.
c Madame s'en alla delà du pont d*Arve,
et s'en vint sus ung chariot triomphant.
Monsieur son mary, Monsieur de Bonmont
et ung sien Escuier s'estoient enmasquez d*un
certain mantcl gris avec ung chapperon à
VI NOTICE
gorge du même drap. Et tous trois accous-
trez d'une parure, sur leurs mules, furent
aussy bien resgardez que Madame et tout le
mistére que Ton jouoit pour Elle. »
« Premièrement luv vindrent au devant
les Sindiques accompaignés de leurs Conseil-
liers bien montez et auprès de Nostre-Dame-
de-Grace (1), luy avoir faict la tres-humble
révérence et le bien venant luy misrent sous
ung paille de tapbetas blanc, frangé de blanc
et tané (2) qu*estoit la devise de la dicte dame,
lequel portoient les dicts quatre sindiques,
et elle estoit sur ung petist branle à deux
chevaulx richement acoustrée.
c Procédans par Plain-Palais luy vindrent
au devant premièrement cinq centz hommes,
beaulx personnaiges des plus eminans de la
ville, tous vestus d'habis blancz, les ungz
de drap et toille d'argent, les aultres de sa-
tin de damas et de taphetas deschiquestés et
entrelassés de soye tanée pour faire la devise
de la dicte dame. Lesungs pou rtoient piques
et les aultres grans espées et estoit leur ca-
(1) GhapeUe du couvent des Augustins près le
pont d'Arve.
(2) A Castanea, couleur châtaigne suivant Baïf;
du mot tan, couleur do cette substance^ selon
Scaliger.
NOTICF. VU
pitaine Jehan Philippe acoustré d*ung man-
teau de velour tané doablé de toille d'argent
et avoyt sa femme quant et quant luy belle
et richement acoustrée que faisoit beau veoir.
€ Le porteur d'enseigne estoit Claude Ri-
chardet, et estoit la dicte enseigne de taphe-
tas blanc et tané.
< Et quant ilz passèrent en ordre par de-
vant la dicte dame, le dict Capitaine la salua
par le couplet qui s'ensuyt :
Dame de gn*<^nt mag^ifficence
La très-bien arrivée soyes
Icy veaons en ordonnance
Pour vous donner resiouyssance.
Vostres soms telz que vous voyes
Nous ferions pour vous^ croyes
Plus que pour Dame qui ait vie.
Vous vales bien destre servie.
t Après ceuk-c; vindrent les dames bour-
ioyses de Genève pourtant en leurs testes
bonnestz de toille d'argent et de satin blanc,
cornestes de tané sous grisphes d'or ; leurs
ronbes estoient les unes de toille d'argent,
les aultres de satin damas et aultre soye
blanche deschiquestéeàla mode geneveysane,
et bordée à trois bandes larges de quatre
dois de velour tané, avec chausses et soliers
blancz portant dars et targuestes (boucliers,
VllI NOTICE
écus) blancz et tané. Les femmes, leurs
cottes restroussées jusques au genouil, pour*
toient une chascune une légère rondelle
(bouclier) à la main gauche, et ung dard ou
javelot à la droicte, que faisolt beau veoir et
estoient au nombre environ de trois cens.
« Leur Capitaine estoit la femme du sei-
gneur Françoys d'Espaigne, seigneur d'A-
vully, belle et bien acoustrée de drap d'ar-
gent avec ses appartenances.
€ Celle qui portoit renseigne estoit la Ny-
colarde, fille du sire Jaques Frojon, con-
seillier de la ville, et avec ce qu'elle fust bien
acoustrée, elle heust grâce à porter la dicte
enseigne, car elle marchoit bien et estoit
grande et puissante pour bien la contourner,
« et vrayement la porteresse d^enseigne estoit
a une belle grant femme qui la manioit et
« bransloit aussi proprement comme eust
« sçeu faire ung souldart qui n'auroit toute
« sa vie faict aultre chose (1). >
Devant la Duchesse, on joua des Mystères
et des Soties sur les principales places de la
ville : les plus curieuses de ces pièces com-
posées à son intention, sont celles que nous
réimprimons ici.
On ne peut savoir au juste qui fut l'auteur
(1) Bonivard; Chroniq,, t. II, p. 390.
NOTICE IX
OU qui furent les auteurs des pièces de
théâtre composées pour l'entrée de la Du-
chesse de Savoie, à Genéye.
Les éditions originales en sont fort rares
et elles ne portent point de noms d*auteurs.
Mais on peut faire à ce sujet des conjectures
fort probables.
Ainsi, le 24 février 1508, à rentrée des
Ducs de Savoie, le Conseil de la Ville avait
conclu qu'on ferait quatre histoires^ savoir :
une devant Notre-Dame du pont du RhOne,
une à Longemalle, une au Bourg-de-Four
et une devant la Maison de ville.
Hector de Rages, Jean Vallet, Jaques
Nepveu et Philibert Berthelier eurent charge
de faire ces histoires, de les pourvoir de
personnages et de les mener à bonne fin. On
consacra à cette œuvre 40 florins, dont on
leur donna d'abord quatre à chacun, le reste
devant être payé une fois Touvrage achevé.
C'est Rolet Nicolas qui avait été chargé
de dicter les histoires ; et pour que les Re-
présentations fussent plus convenables, le
Conseil voulut en surveiller lui-même les
préparatifs ; aussi, la veille de Tarrivée de
la Duchesse, l'Assemblée ne se tint pas.
De ceux qui firent ou dictèrent les histoi-
res de 1508, il est probable qu'il en existait
encore quelques-uns en 1523, et que le Con-
X NOTICE
seil, satisfait de leurs services passés, n alla
pas chercher d*autres poètes pour célébrer
Madame Béatrix de Savoie.
Dans le courant du XVI« siècle, ces deux
sotties furent imprimées à Lyon par Pierre
Rigaud, en 1 vol. petit in-12 de 41 pages.
Cette édition est presque introuvable.
Une réimpression de ces deux pièces a été
exécutée dans le XYII^» siècle, et elle est de
même fort rare.
Une réimpression de la première pièce a été
faite vers le milieu du dernier siècle, sous
l'indication de Lyon, P. Rigaud, in-12.
13 fr. 50, m. r. La Vallière.
12 fr., Lair.
Les deux pièces, formant un in-12 de
48 pages, ont été enfin réimprimées à Paris
vers 1802, par Caron, à 55 exemplaires, et
insérées dans sa Collection de différents ou-
vrages anciens, poésies et facéties. Paris, 1798
à 1806, 11 vol. pet. in-8.
F.-N. Le Roy.
SOTTIE
A DIX PERSONNAGES
[ LÀ rud DD Moui
I aoiDSa, l'an 1533
A LYON
PAR PIERRE HIGAUD
PERSONNAGES :
FOLIE . .
LE POSTE .
ANTHOYNE .
GALUON .
6RANDPIERRE
CLAUDE ROUSSET.
PETTREMAND.
GAUDEFROYD.
MULET.
LENFANT.
SOTTIE
ICERE FOLIE, vestue de Doir, comineDce :
lyquet
F Encore me faicl il bon
\ Enfans ie svU Mère Folie,
t Qui pour passer mélancolie
Vinîe vous veoir vestue de noir.
lai matière de desespoir
le îvis vefue de fort longtems,
Ceat, comme devez bien sçauoir,
De voslre père Bontems.
Bonlems, tu laisses tes enfans
Et ta femme bien désolée.
Que maudite soit la ioumee
Qui nous laissa ainsy dolens
Parmi tant de malheurs volans.
A la miUeheare suis je vefue.
Au vinaigre, le cœur me creiie
Quant ie pense aux trespasses
SOTTIE
Stéphane, Rolet Nicolas,
Petit lehan, maistre laques, heîas!
Grant Matthey, Perotin, Hectore,
Et vous tous mes amis encore
Ou estes vous ha ! faussement
Qui lepoure et riche remores,
Tu prens tousiours ce qui vault mieulx,
LE POSTE (Printems à cheual)
Laisses moy passer, car ie veulx
Donner en toute diligence
Lectres missiues et de créance
A Madame Mère Folie.
FOLIE
Paix là, paix, qui est ce qui mecrit ?
le svis Folie, qui es-tu ?
LE POSTE
Printems, Dame, de verd vestu,
Qui vient en poste dltalie.
FOLIE
Et dis?
LE POSTE
Que ie vous ferray lie
Par lectres que ie porte icy,
FOLIE
Si tu me fais de toy vessir.
Poste, tu en boyras ta part.
A DIX PERSONNAGES
Sus, sus, tires vous à lescart.
Laisses le venir, quon Is voye.
^ LE POSTE
Honneur, Dame, santé et ioye.
Or, tenes, voicy des nouelles.
^OLIR
Quelles sont elles?
LB POSTE
Bonnes et belles.
FOUB
De qui ?
LE POSTE
Dung qui vous ayme
bien.
FOLIE
Et son nom ?
LE POSTE
Bontems qui revient,
Mais qu'on le vuelle entretenir.
FOLIE
// est mort.
LB POSTE
leveulx maintenir
Que non ', lisez son escnpture.
SOTTIE
FOUE
Par la passion que iendure
Il est vray, ie cognoi sa main.
Vrayment tu viens bien au besoing
Sans cecy iestoye abolye.
Or sus, mes en fans, ie vous prye,
Venes tous, venes vistement,
Venes et si voyes comment
Bontems nest pas encore mort;
Venes-vous ? Ha ! vous aves tort.
Guillaume le Dimantier,
Anthoyne Sobret, Godefroyd,
Claude Baud, Michel de Ladrey,
Maistre Pettremand, Gallion,
Jehan de VArpe, venes Jehan Bron,
Ça, Grand Pierre^ Claude Roussel,
Prestre d'honneur, frère Mulet,
Venes et vous aures nouuelles
De Bontems,
ANTHOTNE (estant parmi la trouppe)
Tendez les eschelles,
Mère, et nous irons vous veoir,
(Puis^ quant ils sont tous montez.)
GALLION
Si nous pouuons Bontems rauoir,
Si iouerons nous quoy quon die.
GRAND-PIERRE
Demain nous poserons le noir
Si nous pouuons Bontems rauoir.
 DIX PERSONNAGES 7
CLAUDE ROUSSET
De tout nostre petùt poutioir
Auecques vous, Mère Folie,
Si nous pouuons Bontems rauoir.
Si iouerons nous quoy quon die.
PBTTREMAND
Voyons ces lectres, ie vous prye ,
Premier quen parler plus aduant.
GADDBFROTD
Qui lyra ?
MULET
Le plus sçauant.
GALLION
Anthoyne est docte en tels affaires,
GRANDPIBRRB
Ouy, car ie lay veu très souuent,
Cest an parmy les segretaires,
ANTHOYNE
Iny tant fréquente ces notaires
Que ien suys clerc iusques aux dents,
CLAUDE ROUSSET
Lisez donc ce que dict Bontems.
(Anthoyne lict les lectres de fiontems).
Folie, ie me recommande
8 SOTTIE
A vous et aux vostres aussy.
Par le Poste Printems vous mande
De mes nouuelles que voicy,
le suis en bon poinct Dieu mercy,
En ung port de mer estendu,
Lon ma partout les pieds fendu,
le vous laissay il y a quatre ans
A Geneue bien désolée
Quant arriuerent ces gourmands
Qui iamais ne feurent saoules
Si deux ne fustes affolles,
Tenus ont este a Dieu vrayment,
Et non pas à ces predicans,
le menfuy^ car iavoye peut*
Destre exécute par iustice.
Quant vient ainsy une fureur ^
De loing fuyr est bien propice.
Lon fné mectoit a sus un vice
Pourquoy ie craingnoys les sergens,
Cest que rompoye le col aux gens.
Maintenant si estes unis
Si iustice ne craint point force.
Si dung bon prince estes fournis
Si flatteurs ont reçu les tours.
Si la voix du commung a cours,
Si libériez sont demourez
Escriuez moy et puys maures.
Escript là oà ie suys en kaste
A deux lieues près de Paradis'
Le iour de la présente datte
Par le vostre Bontems iadis. »
FOLIE
Or sus, mes fols, mes estourdis
A DIX PERSONNAGES
le vous prye, soyez hardis
De faire response au Bontems.
ANTHOYÎÏE
le respondray bien sur ces dicts
Comme lung de vos estourdis,
Mais que vous en soyes contens.
GALLION
Anthoyne, despechez Printems.
GRAND PIEBRE
Vous estes nostre segretaire.
PETTREMAND
Quant à moy ainsy ie ientens.
GAUDEFROTD
Anthoyne y despechez Printems.
MULET
Escrivez luy par mots patens
Quil vienne, ou bien que lirons querre,
GALLION
Anthoyne, despechez Printems,
Vous estes nostre segretaire.
ANTHOTNE
le suys content pour vous complaire,
Or me laissez ung peu songer.
10 SOTTIE
CLAUDE R0U8SET
Certe, Bontems fust en danger,
Puisquil le dit, en ceste ville,
PETTREMAND
llfist très bien de desloger.
GAUDEFROYD
Trop de gens le vouloient ronger.
MULET
// auoyt des galleurs un mille.
GALLION
Si Ion leust enfourne en llsle
Party nen fust sans composer.
ANTHOYNE luonstre la response quUl a faicte.
La voila : qui vouldra gloser,
ly ay laisse fort belle espace.
GRANOPIERRE
Et sil y a trop ?
ANTHOYXE
Quon Icfface.
PETTREXAND
// dict bien.
GAUDEFROYD
Lisez, segretaire.
A DIX PERSONNAGES.
11
ANTHOYNE
Or, notez le plus nécessaire.
(Anthoyne Ut la response quil a faicte)
Nostre père et seule espérance
Seigneur Bontems, un million de foys
Dame Folie avec son alliance
Vous ressalue par ces lectres cent foys
De vous estoyt icy commune voix,
Que mort estiez, mais la vostre mercy
Auons appris depuys deux iours ou ti^is
Par vos escriptz quil nestoit pas ainsy.
Depuis le temps que partistes dicy,
loue navons moralité nhistoire.
Si nous eussions tant seulement toussi,
Lon nous eust faict aller en lauditoire,
Il nestoit plus question ny mémoire,
De sesiouyr à ieu de parlement.
Cartes ny dez, cela eti tout notoire
Avoient icy cours publiquement.
Au résidu, sçachez certainement.
Que gens de bien sont icy dunion,
Prince assez bon avons semblablement,
Que tous flatteurs mect à perdition,
Si nest iustice en sa perfection.
Et le commung en liberté remis.
Il y mectra à sa discrétion.
Car des longtems ainsy nous la promis,
Donques Bontems nostre père et amy
Retournez y avoir veu les présentes.
Nous vous eussions ung bon chenal transmis
Mais Printems dict quauez iambes puissantes
Nous sçauons bien que toutes foys et quantes,
12 SOTTIE
Dung lieu partez quavec bonne monture y
A ce retour dessus vos pieds montez
Et venez tost comme un bceuf de posture
Pour le présent naurez aultre escripture,
Nostre seigneur vous ramené bientost,
Faict a Geneue un iour par adueniure.
Par la Folie et ses nobles supposts,
FOLIE
Or sus, que dictes vous mes sots ?
GALLIOIf
Elle est très bien.
GRAND PIERRE
Faicte par maistrc
PETTREMAND
Lon ny sçauroit oster ny mectre
Il ne la fault que bien serrer.
GALLIOIf
Anthoyne ne sçauroit errer.
MULET
Il est très par faict secrétaire.
ANTHOTNE
Poste voyla tout vostre affaire
Portez le sil vous semble bon.
LE POSTE
le men vay monter.
A DIX PERSONNAGES 13
«ALLIOir
Allez donq,
Recommandez nous à Bontems,
LE POSTK
Si feray te,
FOLIE
Poste, entendez,
Rameine nous le, te ten prye,
LE POSTE
le le feray. Adieu, Folie!
FOLIE
Et Dieu te conduise, Printems.
(Cest alors qtie Folie, pour célébrer la nouvelle
que son mari n^esi point mort, et poser le veuva-
ge, engage ses en fans à Jouer quelque divertisse-
ment. Pour cela, ils cherchent leurs costumes, mais
ne trouvent point de chaperons. Sans capes, disent-
ils, tout demeurera. Folie alors leur fait des ca-
puchons de son vêtement intime, ce qui donne
lieu à une suite de plaisanteries un peu décolle-
tées comme on va le voir.)
FOLIE
Puisque Bontems nest mort, en fans.
Certes, nous poserons le vefue,
grâvd pierre
Lan nen sçay encore rien pour iTay.
2
14 SOTTIE
PETTEMAND
Tu resue; et nostre Lecteur de créance ?
GAUDEPBOYD
En ces lectres na pas grand fiance,
MULET
Tu dis vray.
CLAUDE ROUSSET
Si faut il resprendre
Nos aultres habillemens vieux,
ANTHOYNE
Guy, et si nous faut entendre
À iouer quelques nouueaux ieux,
GALLION
le my accorde,
GRANDPIERRE
le le veux,
PETTREMAND
Voici pour moy,
MULET
Cestuy est mien,
CLAUDE ROUSSET
Mon Dieu quils sont desia caducques.
A DIX PERSONNAGES 15
A5TH0TNE
Et pour couurir nos grants perruques,
Naurons nous poinct de chapperons ?
GALLION
le ne sçay oit diable ils seront :
Icy ne sont ils pas ?
PETTREMAND
Pour vray,
Les femmes en ont faict des brayes
Ces iours passez.
GAUDEFROYD
Oui, vrayment,
Ces aduocats de Parlement
En auront leurs robbes fourrées.
MULET
Lon ne sçauroit la, mi, sol, re,
Dire sans cappe bonnement,
FOLIE
Vous auez prompt entendement
Pour bien iouer sans chapperons,
CLAUDE R0U8SET
louons donq.
AIfTHOYNE
Certes, nous ferons.
Sans cappe, tout demeut^era.
16 SOTTIE
FOLIE
Et si ien treuue ?
Lon louera,
FOLIE
Vous louerez donq, car ien feray,
Plustost du bout de ma chemise,
PETTREMARD
Trop courte est,
FOLIE
le lailongeray,
Dung fol que pour ce enfanteray.
Puis, sera bien longue à ma guyse.
Le voicy,
GAUDEFROTD
Certes, lentrepryse
Est faicte gorgiasement,
LENFANT
Donnez-moy le tettet, maman,
le veux la Lune!
MULET
Mais comment ?
Il souffle desia au cornet ?
CLAUDE R0US8ET
Lepetist faict le verre net
Maintenant aussy bien quung grant.
A DIX PERSONNAGES 17
FOLIE
Ça ça, puis quil y a du bran
En nia chemise, si faut il
Que Claude Roussel, quest subtil,
Y coupe vos béguins, enfans,
CLAUDE ROUSSET
le le veux,
FOLIE
Or, frappez dedans
Et les taillez à hault collet.
CLAUDE ROUSSET
Cestuy cy ne sera pas laid
le ne sçay que laultre sera.
GkLUOlX
Le premier, Anthoyne lauro,
Car il est nostre secrétaire.
CLAUDE ROUSSET
Tenez donq.
A5TfiOI31E
Qail sent le Rozayre !
Cestuy sentira fleur de Lys
Qui laura ? Il est bien poly.
Grand Pierre, il sera pour vous.
GRANDPIERRE
Faictes que les aultres en ayant tous.
Principalement Gallion.
ig SOTTIE
CLAUDE ROUSSET
De la pièce près du rognon,
le luy en vay coupper ung beau.
Or, tenez,
GlLLIOn
Il est sous le sceau
De Montpellier.
CLAUDE R0U8SET
len fourniray
Icy dung beau pour Gaudefroyd.
6AUDEFR0YD
Baillez le moy donq tout de chaut.
CLAUDE ROUSSET
le donneray cestuy à lessay,
A Pettremand quest bon Thybault.
PETTREMAIVD
Pour mieulx ressembler le Quinault
De cestuy membeguineray.
CLAUDE ROUSSET
Cestuy pour moy te retiendray,
Car il est doré dor desçu.
FOUE
Tu las taille tout près du cul.
Gouillard, tu prens le gras pour toy.
A DIX PERSONNAGES 19
MULET
Et vostre père Mulet, quoy ?
Sera il point emheguinet
CLAUDE R0U8SET
Si le sera dea, ouy par ma foy,
Cestuy vous sera consigne.
FOLIE
Puisquestes tous enfarinez,
Soyez prêts à iouer la farce,
PETTaJBMAND
Nous sommes prêts en ceste place.
Commençons.
GiUDEFROYD
Dictes, Pettremand,
MDLET
Paix là ! attendez vous.
CLAUDE ROUSSET
Comment ?
ANTHOYAE
louez.
GALLIOX
Non sera.
PETTREMAND
Pourquoy ?
20 SOTTIE
GAUDSFIIOTD
le nay quvne oreille I
CLAUDE ROUSSST
Ny moyl
ANTHOYNE
Ny moy !
GALLIOR
Ny moy aussy !
FOLIE
Et vous fauldra il pour cecy
Derechef laisser lentrepryse,
le les sens dessous ma chemise,
Mais certes ia ne les aurez,
GRAND PIERRE
Les raisons ?
FOLIE
Ha vous les orrez;
Seroit ce à moy bien vescu
Doster les oreilles à mon cul
Qui a desia perdu la veûe
Lentrepryse est donques rompue ?
Il ne men chaut,
6AUDEFR0YD
Ha sans la droicie
Aureille, nous ne iouerons rien.
A DIX PERSONNAGES 21
CLAUDE ROUSSKT
laureilie quauons interprette
En mal ce que disons pour bien.
15TH0TNB
Conclusions : il nous conuient
Attendre Bontems, cest assez
Pour le présent quauons laisse
La vefue. Beuuons dautant.
GALLIOH
Je le conseille, cependant
Nous trouerons laureilie droicte.
PITTBEMAIID
Et passerons le tems.
GACDEFROYO
A boire.
MULET
Nous en sommes contens.
CLAUDE R0US8ET
Beuuons tant que le feu en saille
Sur les nouuelles de Bontems,
6ALU0N
De nos beatUx ieux vaille que vaille,
Beuuons tant que le feu en saille.
22 SOTTIE
GliniEFlOYD
Donnons à ce vin la bataille
Hoidement comme beaulz quettans.
MULET
Beuvons tant que le feu en saille,
Beuuons en attendant Bontems,
6AUDEFS0TD
Beuuons de ce vin ne nous chaille,
Paye lay à deniers comptans.
MULET
Beuuons tant que le feu en saille
Sur les nouuelles de Bontems,
SOTTIE lOOEE
LE DIMANCHE APRES LES BORDES
Bll 15St, EN LA IL'STrCK
PERSONNAGES:
LE PREBSTRE. .
LE MEDECIN. .
LE CONSEILLER.
LORPHEURE. .
LE BONNETIER.
LE COUSTURIER.
LE SAVETIER. .
LE CUISINIER. .
GRAND MERE SOTTIE
LE MONDE. . . .
Frerb Mulet de Palud.
Jehah Bohatieb.
Claude Rollbt.
Claude le gros Bosset..
Maistre Pettremand.
Anthotne le Dorier.
SOTTIE
LE PREBSTRE commence :
homme propose et Dieu dispose.
LE HEDEClIf
Fol cuide dun, et laultre aduient.
LOHPHEURE.
Du iour au lendemain suruient
Tout autrement quon ne propose.
LE BONNETIER
En folle teste folle chose.
Poinct nest vray tout ce que fol pense.
3
26 SOTTIE
LE C0U8TURIE&
Au tems qui court ny a fiance.
Maintenant ioie et demain pleur.
LE SAVETIER
Auiourdhuy vous verrez Monsieur,
Et demain simple maistre Jehan.
LE CUISINIER
Tel cuide viureplus dvn an
Qui meurt dans trois iours.
LE MEDECIN
À propos,
Nous sommes les pouures enfans sots
Qui ioyeusement lan passe
Voyant que nestoyt trespasse
Nostre Père Bontems, soudain
Posasmes le dueil et dvn train
Reprismes nos hahitz de sots
Pour iouer, mais nottez les mots
Pour ce que chasque habit estoyt
Sans chapperon, tout demouroit :
Toutes foys nostre Mère sotte
Renversa vistement sa cotte
Et du beau bout de sa chemise
Nous embeguina à sa guise.
Or en ces béguins par merueilles
Ne se trouuerent les aureilles
Droittes, mais se tenoyent a colle
Forte, au cul de la dicte sotte.
A iNEUF PERSONNAGES 27
Ainsy à faute de la droitte
Aureille, comme on peut cognoistre
Tout demoura,
LE CONSEILLIER
Vous dictes vray,
Et la fust conclud, te le sçay,
Que nous attendrions Bontems
Nostre Père, en nous desbattant
A boire,
LORPHEURB
Depuis ce tems là
Jamais teste ne nous parla
De Bontems,
LB COCSTURIEB
Nous prétendons
De faire cinq cens millions
Passetems pour esbattement,
LE SAVETIER
Sur cela la mort promptement
Au heu de quelque allégement,
Nous a nostre Mère emportée,
LE BONNETIER
En Paradis au droict costé
Puisse eslre colloquee son ame,
LE cuismiER
Amen,
28 SOTTIE
LE PBEMIER
Amen»
LE PREBSTRE
Amen. La femme
Sotte nestoit pas trop cassée.
LE SECOND
Ainsy est elle trespassee
En bon poinct,
LE TR0I81ES1IE
Et aussy en grâce
De tout le monde, Dieu luy face
Mercy a lame.
LE QUATRIESME
Ainsy soict il.
LE CINQUIESME
Par ainsy, comme chascung voyi^
Au lieu de faire esbattemens
Nous a fallu nos vestemens
Teindre en noir.
LE SIXIBSME
Et daduantage
• Contrefaire nous fault le sage,
Pour faire quon nous prise fort.
A NEUF PERSONNAGES. 29
LB SBPTIESME
Nous nauons à attitré recours
Maintenant quà nostre Grant Mère.
LE HUICTIESHE
Non, et si ne nous peut faire
Grosse nyde, nest il pas ainsy?
LA GRAND MERE FOLIE.
Ha! mes en fans, ie suys icy,
Telle comme vous me voyez.
Il ne fault pas que vous soyez
Si sots que cuidiez que voulsisse
Estre tousiours vostre nourisse,
Car ie ne le pourroy pas.
Guebroye vous a le trespas
De vostre bonne Mère et labsence
De vostre Père sans doubtance,
Bontems ne vous y ayde en rien,
le pourroy bien manger mon bien
Sans vous.
LE PREMIER
Ouy et de belle heure.
LE SECOND
Quest ce donc de faire?
LA GRAND MERE
Quon labeur e
Chascung très bien de son mestier.
30 SOTTIE
LB TBOISIESME
Nous ny faisons pas votdentier
Toutes foys court une Planette
Qui contrainct les Fols à cela.
LB QUATRIESHE
Nous ne sommes plus sous la cornette
Qui reignoit quand Gela vêla»
LE CINQUIESHE
Le tems que Perrotin mesla
Et fist iouer clercs et marchants
Est passe,
LB SIXIESME
Aussy est le tems
Que de Nantor et du Villard
Firent leurs nopces au Mohrd,
De lespousee du Sapey.
LE SEPTIESME
Le tems nest plus tel que ie lay
Veu, pour toute conclusion,
LE HUICTISSME
Pourtant suiurons lintention
De nostre Grant Mère,
LE PREMIER
Comment,
A NEUF PERSONNAGES 31
LE SECOND
Que nous trauaillons rotdement,
Ou notts aurons bien froid aux dents.
LE TR0IS1ESHE
Par ma foy, noits sommes contens,
Il ne nous fault que de louurage,
Qui nous en donra ?
LA GRAND MERE
Qui ? le sage
Monde, mes en fans, largement,
LE QUATRIEiME
Vouldroyt ilpoinct desbattemens
Quelques fois de nous ?
LA 6RAHD MERE
Ouy bien.
Mais quil ne lai couste rien.
LE CINQUIE8ME
Bientost vous en apporteray
ly vay, attendez moy icy.
POSE
LE ME8ME
Voicy aureilles. Dieu mercy,
Et largenf, prenez en tretous.
32 SOTTIE
LE 8IXIBSME
LA MERE
Allons j
Mais marchez droicts sur vos talons,
Sans fleschir, ny faillir en rien :
Encore ne sçaurez vous si bien
Marcher, quil ny aye à redire
LE SEPTIESME
Le Monde deuient tousiours pire
le ne sçay que sa fin sera,
LE HUICTIE8ME
Nous serons comme il nous fera
Suiuons seulement la Grand Mère,
(Vadunt ad Munidum.)
LA MERE
Dieu garde Monde,
LE MONDE
Dieu garde Mère,
Quest ce quil y a de nouueau ?
LA MERE
Je vous ameine vn beau trouppeau
De sots, Monde, pour vostre train,
LE MOXDE
Quels sont ils ?
A NEUF PERSONNAGES 33
LA HERE
Quils sont pour certain
Orphelins enfans de Bontems
Quest perdu et comme teniends,
Fiis de ma fille le Sobret
Quest trespassez.
LE MONDE
Voyla que cest
De moy, femme, ie nen prens poinct
Qui ne sache quelque mestier,
LA MERE
Biensçauent, lung est Sauetier,
Laultre Prebstre, laultre Masson^
Voyez bien là ce Vieillanon
Il est cordonnier, cestuy-cy
Bon Bonnetier, la Dieu mercy
Laultre est sauant, bon Conseillier
Qui vous conduira voulentier
Ainsy comme il appartiendra.
LE MONDE
Tout cela bien me conviendra ./'H^^^ \
Ur bien te les retiens tous.
LA MERE
Adieu donq.
LE PREMIER
Et nous laissez vous
Au Monde?
34 SOTTIE
LA HEBI
Ouy, mes en fans ,
Souffrez en attendant Bontems,
Adieu,
LE SECOND
Adieu.
LE TR0I8IKSME
A Dieu soyez
LE MONDE
Or sus, maistres sots, vous voyez
A peu près tout ce quil me faut,
Couslurier, faittes moy à haut
Collet une robbe bien faitte,
LE COUSTURIER
La voulez vous large ou estroitte ?
LE MONDE
Que scay ie ?
LE COUSTURIER
Voyez ceste cy,
Elle est très bien,
LE MONDE
Encore si
Elle fust dung peu plus large
le laymeroy mieulx.
A NEUF PERSONNAGES 35
LE COUSTUBlER
De vostre aage
Vous nen portasies de mieux faitte
Que ceste cy.
LE MONDE
Hal trop peiitte;
Osiez, osiez, fautes men une
A mon gre.
LE C0U8T1TRIER
Ce sera fortune
Si ie luy fait, ha! par saint Gille.
Monde, vous estes dificiUe
Par trop.
LE HOirOE
Venez ça, cordonnier,
Servez moy de vostre mestier.
Et ie vous contenteray bien,
LE CORDO?INI£R
Tenez, Monsieur,
LE MORDE
Ce ne dit rien;
Faittes men dauttres à mon plaisir,
LE COnOOIfNIER
lay beau les fayre à mon loisir
Bien cousus, de bonne matière
Encore en seray ie en arrière.
Monde, vous estes desgouste.
36 SOTTIE
LE MONDE
Massofiy il nous fauit remonter
Les fenestrages,
LE MASSOir
Ainsy estantSj
Seront ils bien à vostre gre ?
LE MONDE
Je les veux plus hauts dung degré»
LE MA880N
Ainsy?
LE MONDE
Non, mais ung peu plus bas,
LE HAS80N
Vostre vouloyr naccorde pas
Auec le mien pour maintenant.
LE MONDE
Bien, à demain. Çà, vistement,
Bonnetier, baillez un bonnet ?
LE BONNETIER
Si cestuy cy bon ne vous est,
le renonce^ay au mestier.
LE MONDE
C'est un bonnet de Menestier.
Comment ? te mocques tu de moy ?
A NEUF PERSONNAGES 37
LE BOVNETIER
Tenez, cestuy cy, sur ma foy,
Il est bon,
LE MO.XDE
// est ton gibbet
Va, va, troutie men ung plus net.
Conseillier ?
LE CONSEILLIER
Que vous plaist, Monseigneur ?
LE MONDE
Que vous semble, suys te seur
Dauot'r la sentence pour moy !
LE CONSEILLIER
îe croy bien que ouy.
LE MONDE
Et pourquoy ?
LE CONSEILLIER
Pour ce que vous auez deduict
Très bien vostre cas et conduict
Le reste tout comme il falloit,
LE MONDE
Mais, par ma foy, ne men challoit.
4
■ r 1
38 SOTTIE
LE COXSEILLIER
le le croy.
LE MONDE
Certes non feroy.
Or allez mieulz estudter
Ca, Prebstre, venez deslier
Icy vos messes, que ie voye
Comme elles sont,
LE PKEBSTRE
Dieu vous doint ioye,
Monde, comment les voulez vous ?
LE MONDE
Ainsy que les demandent tous.
LE PREBSTRE
Courtes,
LE MONDE
Ouy,
LE PREB3TRE
(Il monstre les Messes escriptes.)
Or tenez donq.
De celles de Dom Ami bon
Elles sont belles.
LE MONDE
Ce sont mon;
Mais longues sont comme un set^mon;
Bailliez men daultres de Millier,
A NEUF PERSONNAGES 39
LE PREB8TRE
Ceulx-cy de Dom Rntellier
En voulez vous ?
LE M05DE
Non, mectez /«,
Elles sont trop courtes,
LE PREBSTRE
Voyla,
Vous ne scavez que vous voulez
Il vous en faut qui soyent meslees
Et iettees au moule sans peine
Des prières dune sarbataine,
LE CONSEILLIER
Certes, Monde, il nest possible
Que ne soyez mal dispose.
LE MONDE
Pourquoy ?
LB CONSEILLIER
Au texte de la Bible,
Quest chose irrep/*ehensible
Vous ny trouverez pas bon goust.
LB COUSTURIER
Croyez, Monde, quil nest si fou
Qui ne le cognoysse,
LE MONDE
Est il vray ?
40 SOTTIE
LE MASSOX
Ouy.
LE MONDE
Quon sçache iosi que iay;
Sus, sus, portez de mon urine
Au médecin,
LE SAVETIER (en U resgardaot.)
Bien a la mine
Dune maladie de teste,
LE COirSEILLIER
Allez tost, vous estes une beste
Faittes cela que Ion vous dict.
LE SAVETIER
ly vay,
LEcoNSEiLLiER (dat ipsi pecuniam.}
Si vous nauez pas credict
Bourrez luy en la main cecy.
(Vadit cum urina ad Medicum.)
POSE
Monsieur, ie vous apporte icy
De lurine de nostre Maistre
Afin que vous puissiez cognoistre
Quel mal il a.
A NEUF PERSONNAGES 41
LE MBDBaUf
// est blesse
Du cerueau.
LE SAVETIER
Que ie soye
Blesse du cerueau; sil nest vray,
(Dat Medico pecuniam.)
LE MEDECIN
0/' ça bene ; il fouit que iaye
Un peu avec luy conférence,
LE SAVETIER
Allons donq car iay espérance
Que vous serez bien contente.
LE MEDECIN
Tanto meliu selete.
Bon soyr. Monde.
LE MONDE
Monsieur, bon soyr.
LE MEDECIN
Comment vous va ? Ca monstrez voyr
Vostre main, vous estes au dessus,
Quest ce qui vous fait maie plus?
LE MONDE
La teste : ie suys tout lasse,
Tout trouble et tout tracasse
De ces folies quon a dict
Que ien tombe tout plat au lict.
42 SOTTIE
LB MEDECIN
Quelles folies ?
LE MONDE
Quil viendroyt
Un déluge et que Ion verroyt
Le feu en lair^ par cy par là,
LE MEDECIN
Et te troubles tu pour cela ?
Monde, tu ne te troubles pas
De voyr ces larrons attrapars
Vendre et acheter bénéfices
Les enfants es bras des nourrices
Estre Abbes, Evesques, Prieurs,
Chevaucher très bien les deux sœurs.
Tuer les gens pour leur plaisir,
Jouer le leur, laultruy saysir,
Donner aux flatteurs audience.
Faire la guerre à totit outrance
Pour ung rien entre les chrestiens
Si bien les Astrologiens
On dict que tu auras pour maulx
Tu nen doys pas estre esbahy,
ht MONDE
Ce sont des propos du pays
De Luther reprouuez si faulx.
LE MEDECIN
Parlez maintenant de deffaults
Vous serez à Luther transmis;
A NEUF PERSONNAGES 43
Monde, veux tu estre remis
En bonne santé ?
LE MONDE
Ouy.
LE MEDECIN
Passe et ne tarreste en rien
A ces pronosticationsy
Ainsoys pense aux abusions
Qui se font tous les iours chez toy,
Mects y ordre selon la loy
Car te prens bien dessus ma vie
Que tu nas aucune maladie.
LE MONDE
Si ayant ma bourse qui est nette,
LE MEDECIN
Pour ce tien toy telle dietie
Despense peu, là ou tu souloys
Manger perdrix, mange dune oye.
Adieu, Monde,
LE CONSEILLIEh
(Medico descendendo)
Monsieur, maintenant vous voyez
Et cognoissez sans fiction
Du monde la complexion.
Comment luy pourrions nous tout faire
A son gre ?
44 SOTTIE
LE MBDEaN
Comment? pour luy plaire
Soyez bauards, ruffiens, menteurs,
Rapporteurs, flatteurs, mesckants
Gentz, et vous aurez chez luy Bontems,
Adieu, adieu,
LE CONSEILLIER
Adieu, Monsieur, et grand mercy.
POSE
LE MONDE à ses filz
Cest affronteur de Médecin
A bon propos, il est bien sot
Que de mauoir presche au lieu
De me medeciner,
LE MASSON
Mon Dieu!
Est il vray !
LE MONDE
Ouy, searement.
Mais bien bran pour son preschement
Je me gouuerneray plustot
A lappetit de quelque fol
Que dung prescheur,
LE SAVETIER
Vous ferez bien.
Viuez selon vos appétits.
A NE.UF PERSONNAGES 45
LE MONDE
Aussy vettx te, prenez du mxen,
(Icy^ il faut habiller le Monde en fol.)
LE CUISINIER
Or sus, Monde, est tu braguard
Maintenant?
LE MONDE
Ha! ie suys gaillard!
Et en poinct la vostre mercy,
(Ibi ponendum vélum super Mundi caput.)
LE COUSTURIER
Marchons et nous ostons dicy
Cest trop demourer en ung lieu.
LE CONSEILLIER
Pour mectre fin à nostre ieu,
Messieurs, vous notterez ces mots,
Qua lappetit dung tas de sots
Comme Ion voyt bien sans chandelle
Le fol Monde sen va de vaille.
FIN
TABLE DES MATIÈRES
Notice sur deux Sotties Jouées ù Genève
au XVI" siècle
Sottie à dix persouiiAses , jouée sur la
place du Molnrd
Settie à neuf personnages , jouée en la
Justice
77784482